Sayuki74 :
24 janvier 2025
« Quand tu souris, le monde entier sourit…
When you’ smiling, un vieux standard de jazz que chantait Rose, en couverture du roman graphique de Nadine van der Straeten, au scénario, au dessin, à la couleur.
Merci Babelio et sa Masse Critique Graphique de décembre et merci aux Editions tarTaMuDo pour l’envoi de ce beau roman graphique.
Léon est en rupture avec sa famille où il joue le rôle du vilain petit canard – pas trop adapté pour la scolarité, plutôt rêveur, contrairement à sa soeur, étudiante en médecine qui satisfait toutes les ambitions familiales. Les parents de Léon sont cassants, durs, dépourvus d’empathie et plus préoccupés par leur statut social que par leur fils malheureux.
Au lycée, ce n’est pas tellement mieux…. Léon, passionné de nature a le jardin pour refuge et le soutien d’une grand-mère, Denise, ancienne institutrice, bienveillante et aimante.
C’est grâce à elle qu’il va faire la connaissance de Rose. Rose a vécu mille vies, elle a travaillé très jeune, été , entre autres, chanteuse, dans des cabarets. Elle a élevé seule sa fille… Une vie de femme indépendante, suivant ses passions, surmontant déceptions et douleurs, quelque peu désabusée.
J’ai écouté Billie Holiday en lisant ce roman graphique ; j’ai pensé également aux Jeunes Amants : Shauna et Pierre, interprétés par Fanny Ardant et Melvil Poupaud.
Shauna et Rose, deux femmes charismatiques.
Nadine van der Straeten a créé avec Rose et Léon, épris de liberté et de poésie, un peu en marge, et Denise de très beaux personnages. Denise veille, protège, rassure, transmet son goût de la lecture, ce fabuleux voyage imaginaire qui vous emporte loin et vous fait oublier tout ce qui vous entoure, à Rose.
Le Vieil Homme et la Mer évoquant la solitude de l’homme face à ses choix plaît beaucoup à Rose. Elle lit ensuite L’Enfant de la Haute Mer de Jules Supervielle puis Brumes de Francis Carco, un roman plutôt social, à l’atmosphère sombre, où les cabossés de la vie se reconnaissent. Rose est une artiste, elle chante, danse, est aussi cinéphile, sensible à la beauté tout comme Léon qui a un attachement physique à la nature.
Ces deux-là étaient faits pour se compléter et vont vivre un véritable amour, le temps qu’il reste à Rose.
J’ai aimé l’univers de Nadine van der Straeten, la banlieue qu’elle magnifie en utilisant le noir et blanc et les tons pastels.
La banlieue qu’elle décrit poétiquement dans la note de l’artiste en fin d’ouvrage » :
« La banlieue… celle-là même qui frémit au bout de la ligne du RER,
Comme une page oubliée du grand livre de la ville
Il arrive que la silhouette d’une barre de béton,
Trouée de trop petites fenêtres, obstrue l’horizon,
Mais au pied des immeubles, les jours de soleil comme les jours de pluie. On se partage des confettis de jardin,
Que la vigne et les rose trémières envahissent.
Un peu plus bas, côté pavillonnaire,
A l’heure où la foule ensommeillée
Se presse vers la gare,
On entend les coqs se répondre
D’une arrière cour à l’autre
Derrière la rouille des clôtures, les vieux alignent leurs géraniums avant d’aller faire cuire
La soupe pour le retour des jeunes.
Dans cette pastille muette d’humanité, les toutes petites choses sont le sel de la terre.
C’est le vrai théâtre du monde avec des acteurs en chair et en pudeurs, qui ne jouent
Pas leur vie
Les destins s’y tressent, tous différents, avec l’unique soucis de parvenir au terme du voyage
Sans se perdre en chemin
Rose et Léon sont de ceux-là aussi, je les ai connus, côtoyés, considérés… Je les ai aimés. »
« When you’smiling nous rappelle de ne pas oublier d’aimer la vie et rend hommage à la beauté du monde lorsqu’on sait le regarder comme Rose et Léon. Une belle plume féminine à découvrir. » 🥰
# CHALLENGE PLUMES FEMININES 2025