Tiens, voilà une BD totalement inattendue…
Inattendue parce que son sujet, une histoire d’amour et d’amitié entre une vieille dame et un jeune homme, fait partie des tabous de notre société. Et pourtant l’autrice a osé le faire, en nous montrant de manière linéaire cette histoire si particulière. Léon est un garçon aux goûts et connaissances simples, presque limités. Mais il trouve son bonheur dans l’entretien des espaces verts de sa commune, en banlieue parisienne. Rose, quant à elle, a un passé de chanteuse de bistrots quelque peu chahutée, presque sordide, mais surtout triste. La grand-mère de Léon va les réunir, et leur rencontre va donner lieu à une histoire à la fois passionnée et touchante, pudique. C’est cette sensibilité, cette délicatesse, cette dignité qui m’ont touché dans cette lecture. Bien sûr, l’histoire particulière de Rose et Léon les transforme en cibles (faciles ?) pour nombre de gens, mais ils n’en ont cure.
Au travers de situations touchantes, de dialogues crédibles, il y a a l’authenticité à revendre dans cette histoire.
Une histoire qui pourrait se passer un peu à n’importe quelle époque, malgré les très rares références à notre début de 21ème siècle. Le dessin de Nadine Van Der Straeten a un aspect très « années 80 », cela aurait pu trouver sa place dans des collections chez Casterman ou dans la revue (à suivre) de l’époque. Mais après Jeanne Hébuterne, elle m’impressionne encore avec sa maîtrise, son style réaliste sans véritable défaut (si on excepte cet aspect suranné).
Une belle histoire.