Description du projet
ADN SATOR
Pour sa grande exposition personnelle à Paris à la Galerie JPHT, Isa Sator déploie avec la joyeuse fureur qui est la sienne toutes les facettes de son talent.
Isa Sator est un volcan sage. En elle, la vie bouillonne. La créativité est son pain quotidien. La peinture est le moyen par lequel elle régule les puissantes forces qui l’habitent. Son rire et sa présence sont les formes communicables de la singulière idée qu’elle se fait de sa présence au monde. Là où nous voyons Isa Sator comme une femme peintre, elle se vit comme une extraterrestre en mission sur la terre.
Continents inaccédés
ADN SATOR montre des œuvres nouvelles qui, toutes, exhibent avec fougue les arcanes de sa pensée. Il y a la couleur, car peindre, pour elle, c’est faire venir à la surface du ciel les formes que révèle son « trait-couleur ». Face à chacune de ses toiles, on peut « voir » les gestes qu’elle déploie lorsqu’elle peint et comprendre que leur moteur secret n’est autre que la joie.
Les couleurs sont en chacun de nous comme des continents inaccédés. La puissance d’Isa Sator est de nous transmettre dans ce jeu entre fond coloré et lignes ardentes plus colorées encore, un peu de cet ADN d’extraterrestre qui coule dans ses veines. Chaque toile est un signe émis par les habitants de ce continent enfoui sous la grisaille du quotidien. Chaque toile est comme une porte ouvrant sur cet autre monde mille fois plus vivant et libre et qui est la doublure de celui que nous croyons connaître.
Peindre, c’est devenir soi, et devenir soi c’est apprendre à accepter son appartenance à l’autre côté du monde. Chaque tableau d’Isa Sator est une invitation à mettre nos pas dans les siens et à remontrer vers nos origines volcaniques. Mais devenir soi, c’est aussi savoir que l’éthique est le seul fondement sur lequel il est possible de construire son devenir.
Mystère du deux
Avec son tableau intitulé Sixtine, une personne qui évoque l’Adam de Michel-Ange au plafond de la chapelle Sixtine, tend le bras et pointe son doigt vers une bulle rouge dans laquelle, présence énigmatique, deux personnages de nature indéterminée semblent attendre de pouvoir en sortir. Dieu ici est devenu non seulement double mais une entité biologique en attente de voir le jour.
Si ces personnages évoquent directement des éléments biologiques microscopiques, c’est surtout au face à face avec son âme encore inconnue de lui que cet Adam rouge sang est confronté.
Isa Sator nous le montre en train de percer le mystère de la vie lui qui est notre double au sens où à travers lui c’est nous qui sommes représentés à l’instant où, incertain encore de notre avenir, nous semblons hésiter à faire le pas qui nous conduira vers les mondes inconnus, vers les grands mystères que nous portons en nous autant qu’ils existent réellement hors de nous.
Puissance d’expression pure, les toiles d’Isa Sator mettent en scène les visions secrètes qui nous hantent. Et elles touchent toutes à ces événements mystérieux dont sommes issus. Elles nous indiquent en effet combien tout en nous parle la langue du « deux », deux comme les deux hémisphères de nos cerveaux, deux comme les jumeaux dont l’accouplement crée le monde, deux comme les deux chevaux de l’âme platonicienne, deux enfin comme les deux branches d’un arbre qui se dédouble pour engendrer le multiple.
Isa Sator est la voix du « deux » dans un monde qui a oublié l’unité profonde des choses. Car l’unité n’est pas figée, elle est mouvement elle est appartenance aux flux de la vie, elle est connexion avec les soulèvements d’atomes dans les confins de l’univers, mais ce n’est que par les figures infinies du double et du dédoublement que cette unité peut-être perçue. C’est en cela qu’Isa Sator nous parle de ce cœur qui bat face au mystère de son origine extraterrestre et divine et qui est la nôtre.
Le corps de l’artiste
Lors de cette exposition, Isa Sator va donner à sa fougue inventive une forme à la fois cocasse et artistique, joyeuse et drôle. En effet, avec la complicité de son ami et commissaire-priseur Cornette de Saint-Cyr, elle va mettre en vente son corps ! Attention aux erreurs d’interprétations ! Vêtue de manière extravagante, elle va porter sur elle un corset transparent sur lequel elle aura peint en miniature, certaines de ses toiles. Ces dix plaques arrimées ensemble et recouvrant son corps vont être mises en vente et finalement offertes au plus offrant ! Elle invite ainsi à ce que nous soyons directement embarqués dans ce geste créateur dont la toile intitulée Sixtine constitue la présentation à la fois amusée et sérieuse.
Entre satyre et satire, Isa Sator nous dit de manière joyeusement provocante combien l’humain est sacré et combien nous oublions de le respecter en nous, de ne pas savoir reconnaître notre appartenance au monde vrai qui transcende les apparences. C’est en jouant avec l’apparence colorée contre l’évidence grise qu’Isa Sator parvient à nous projeter au-delà de l’oubli, dans le monde infini de la mémoire vivante des formes et des forces primitives où elle trouve, elle, la force de créer.
Jean Louis Poitevin
Exposition ISA SATOR : ADN SATOR