Description du projet
Et pour cause, suite à un coma deux semaines ce jeune homme a fait l’expérience d’une pensée privée de mots. Obligé de s’exprimer à travers l’image pure il a du expérimenter la redécouverte totale, initiatique. Délivré des mots, délivré de la parole, délivré de la référence à l’histoire de l’art, aux autres, il est arrivé à l’art par la liberté d’être soi-même, par le désir de vivre. C’est cette liberté qui émerge à chaque instant que nous vous invitons à découvrir. Il est la preuve que l’image pense par elle-même, que l’œuvre n’a pas besoin d’un discours ou d’un jeu de référence pour être, pour donner à voir, pour s’émerveiller. Aucun mot ne devrait être utilisé, car c’est un monde qui n’en a pas besoin. Monde de (re)découverte où tout reste suspendu, fantomatique plus qu’impressionniste. Ici aucune différence entre l’intérieur et l’extérieur, les deux se confondent, coexistent.
Pourtant, combien il est difficile de comprendre ce double étrange, cette partie de nous qui nous prolonge et se pose comme frontière. Il ne reste plus qu’à le dessiner encore et sans relâche : ainsi Arthur passe-t-il du noir à la couleur, de la couleur à la forme. Il voit que tout est couleur, succession de couches. Le ciel intérieur ne reconnaît aucune forme géométrique.
La vie et ses composants ne sont plus que des impressions de mots et de couleurs. Ce sont des mots composés, amalgames de dépôts. Ce monde est à la fois creux, plat et bondissant. Tout y est sensible à l’humeur de l’être qui s’y penche. Le nouveau venu n’apprivoise pas son décor. Il est torturé par ce qu’il voit. Un marron boueux aux taches noires encercle un espace où l’être au centre tombe en se tordant de douleur. Il se heurte aux couleurs mais il revient à sa centralité. Elles se déplacent, se construisent avec lui, comme composantes de son être. Elles sont sa prolongation. Les tons poussent un gémissement. Cette musique est celle des couleurs.
La tache qui accompagne le son, le son qui se construit en image, l’image en sens, le sens en angoisse. L’heure du loup d’où viennent les images n’est pas tentative de rester éveiller, elle est tentative de rester ce que l’on était depuis le crépuscule : un faiseur de rêve.